
Marguerite
lambourdes, acrylique
74 x 74 cm


Support
lambourdes, colle
242 x 240 x 2,5 cm

EXPOSITION MONOGRAPHIQUE EN SUSPENS - CABANON, UNIL

En observant attentivement le travail d’Anouchka Perez, les noms de Joseph Kosuth, Jenny Holzer ou Bruce Nauman s’imposent facilement à notre esprit. Mais ces artistes sont pour elle bien plus que des références visuelles. En effet, elle s’est tournée dès le début de ses études vers la philosophie, et notamment vers les idées de Ludwig Wittgenstein, philosophe autrichien souvent cité par Kosuth lui-même. Anouchka Perez ancre sa réflexion théorique dans la philosophie du langage développée par Wittgenstein, notamment dans ses Investigations philosophiques. Son travail flirte toujours avec la déconstruction ; elle place au centre de sa démarche des questions comme celles de l’impact de notre subjectivité sur notre compréhension des mots, ou encore sur la capacité des gens à communiquer. Peut-on réellement saisir ce que l’autre cherche à nous dire ? Notre interprétation subjective et personnelle des mots n’empêche-t-elle pas une compréhension totale et complète entre les individus ? Quelle relation peut-on établir entre le langage et la réalité ?
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Les recherches des artistes conceptuels à propos de l’art et du langage ont trouvé un terreau fertile dans les années 70, donnant corps à des interrogations autour de l’art engagé, la notion d’auteur (déjà profondément ébranlée par Duchamp) et la définition même de l’art. A l’ère du triomphe du postmodernisme, ces questions ont été maintes fois posées et reposées. Mais cela ne signifie pas pour autant que le mot et la lettre n’ont plus rien à offrir à l’artiste contemporain ; le travail d’Anouchka Pérez en est la preuve. Elle ouvre en quelque sorte un nouvel espace de création dédié au signe, le réinvestissant de toute sa puissance significative et graphique. Le fait même que les mots ne nous soient parfois livrés que de manière partielle ou incomplète permet à l’artiste d’insister sur leur complexité et leur importance. Anouchka Perez questionne donc dans son travail la nature du signe, pour éventuellement accéder au « signe authentique ». De plus, au contraire de certains artistes conceptuels, chaque mot est riche d’un certain potentiel visuel aux yeux de l’artiste : pour chaque mot choisi, elle cherche un espace adéquat, un matériau précis, une couleur, une taille. Selon elle, leur apparence peut orienter la signification que le spectateur leur donne. En effet, le travail d’Anouchka Perez est avant tout centré sur la reconstruction du sens d’un mot par le spectateur. Chaque œuvre attire le regard grâce à un certain procédé visuel, pour ensuite proposer un exercice de lecture. Mais une fois le mot lu, la question de sa signification reste entière ; et l’artiste, sans jamais rien expliquer, nous laisse libres de l’interpréter. Est-ce le support qui fait émerger le mot, ou le mot qui nécessite un support particulier? Forment-ils un ensemble cohérent et saisissable, et si oui, quel est-il ? Quel rapport peut-on, à une plus large échelle, établir entre les différentes oeuvres ? Comme Anouchka Perez le dit elle-même, « je suis arrivée à la constatation que tout donner serait trop facile. Et ce qui est facile est ennuyeux. Mon but est d’ouvrir, d’écarteler le mot, afin de trouver dans cette décomposition une nouvelle proposition. »
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Avec ses hauts murs en béton, l’espace du Cabanon invite à la couleur et aux œuvres monumentales. Nous souhaitons y installer des travaux qui occupent un certain espace, tout en laissant au public le recul nécessaire pour pouvoir les apprécier pleinement. Grâce à la série de colonnes qui le traverse, le lieu invite également aux jeux de perspectives, de symétrie, à l’horizontalité et à la verticalité, ce qu’Anouchka Perez exploite dans les œuvres plus minimales de l’exposition. Ainsi, nous investirons l’espace en proposant au spectateur un parcours entre différentes pièces sculpturales, qui rythmeront l’espace de manière symétrique, se répondant les unes aux autres.
Sophie Rogivue, 2014

Sans titre
lambourde, feutre


Sans titre
lambourdes, peinture
400 x 200 x 300 cm


Sans titre
lambourde, acrylique
186 x 245 cm

Sans titre
lambourdes, peinture
400 x 200 x 300 cm
Sans titre
poutre de 5 x 5 x 250 cm
acrylique
